« no light, no light. »
Je suis né un mardi dans la capital. Dublin. L'aîné, le premier enfant, l'enfant gâté. Heureusement pour mon capital sympathie, je ne suis pas resté fils unique bien longtemps. Rosie, une magnifique petite rousse est venue me rejoindre trois ans plus tard, elle pleurait sans cesse la bougre. J'ai toujours voulu être roux, j'ignore pourquoi, sans doute pour ressembler au petit irlandais lambda je suppose. Bref, j'ai hérité des cheveux blonds de ma mère. Plus ou moins le drame de ma vie en l’occurrence. J'ai évité le surnom trop facile de
Ginger en contrepartie (de
Blondie). J'aime beaucoup ma famille, elle représente tout à mes yeux, pour elle, je ne sais pas, j'irai jusqu'à me tuer je pense. On me dit froid, lourd et dragueur mais le fait est, que je sais aimer. Je suis resté en Irlande jusqu'à mes treize ans. Je m'y plaisais fortement, trop peut-être. J'y avais mes repères comme on dit. Perth, j'ai détesté cette ville si fort et ça, dès mon arrivée. J'étais paumé, complètement paumé. Alors évidemment, en bon adolescent, j'ai détesté mes parents pour cette décision, quitter Dublin. Oui, je suis autant
famille que patriote, à croire.
J'ai rencontré, fréquenté un paquet de monde, un paquet de filles surtout. Je ne sais pas pourquoi, c'est juste comme ça. Peut-être est-ce l'effet
celtique tatoué que sais-je. Quoiqu'il en soit, je roule à moto et j'ai une
Celtic Christian Cross sur le bras droit. Mais qu'on se le dise, draguer à tout va ne m'empêche pas de croire au grand amour. Pas que je sois pressé par le temps, mais j'ai quand même bientôt trente ans. Je m'inquiète un peu vous voyez ? Mais on va revenir à mon histoire, car c'est le sujet n'est-ce pas ?
L'adolescence. Je n'ai jamais été un gosse à problèmes, j'étais tout ce qu'il y avait de plus normal. Sociable, je m'entendais avec tout le monde, ou presque. Je me suis rapidement lié à Samaël, j'avais l'impression de me voir moi, en plus jeune. Du bon temps, des plans foireux, des filles sans importance. Rien ne me semblait impossible avec Samaël, c'était mon meilleur ami. Peut-être l'est-il encore aujourd'hui, je ne sais pas. Le problème s'est considérablement posé lorsqu'il est sorti avec la personne la plus importante à ma vie, Rosie. Lui, ce coureur de jupons, enfin, il était comme moi quoi, il ne pouvait pas voir Rose, ma rousse. J'ai littéralement pété un plomb, avant de me radoucir. Il avait l'air sincère, je ne pouvais pas le juger pour ça. Tomber amoureux, j'en étais bien incapable, je le suis toujours et ça me pèse tous les matins. Que pouvais-je bien dire ? Rien, je ne comprenais même pas. Après leurs séparations et le départ de Sam, je suis toutefois resté en contact avec lui. Comme si j'avais pas le choix. Aujourd'hui je le vois régulièrement, c'est plaisant de le retrouver même s'il y a toujours, chez moi, un certain malaise lié à cette histoire.
"
Je t'aime Robbie. " Je déteste cette phrase. Je veux dire, que voulez-vous répondre à ça ? C'est super gênant d'être un bloc de glace. "
Ah ouais ? Cool. " J'ai toujours été nul, incapable de simuler, c'est affreux. Maintenant, j'ai tellement une sale réputation qu'aucune fille ne me laisse le bénéfice du doute, c'est épuisant. L'amour. Ma sœur l'avait trouvé, elle l'a perdu, douloureusement. Un accident, un putain d'accident. Si seulement j'avais pu permuté avec elle à ce moment là, si seulement. Elle n'aurait pas perdu l'enfant qu'elle attendait, elle n'aurait pas oublié Matt et à cette heure, ils changeraient probablement des couches sales tous les deux. Au lieu de tout ça je dois veiller sur elle, cacher la vérité, l'atténuer pour la protéger elle. C'est insupportable de faire semblant, vraiment.
Je regarde par la fenêtre de l'immense bâtisse, cette hôpital est énorme. Rose dort d'un sommeil profond. Dans le fond, ça m'arrange bien de ne pas répondre à toutes ses questions. Je ne sais jamais quoi répondre, le plus souvent je mens. Sa silhouette apparaît devant moi, enfin sa silhouette, façon de parler. Elle ne marche même pas droit, pathétique. Je me replonge dans ma lecture,
Filth de Irvine Welsh. Un détail me titille toutefois, je pose le livre doucement avant d'entreprendre de la suivre. Mon ex et moi. Je t'aime, moi non plus. Je reste un moment interpellé par sa direction.
Maternité. Pardon ? Instinctivement je repense à ma sœur, et à l'accident. Arf. Je saisis son bras doucement, mes yeux vrillent inconsciemment sur son petit nombril arrondi. "
Mais t'es enceinte ? " Oui, je ne savais pas quoi dire, je l'avoue. Elle me fusille du regard avant d'écarter ma main rapidement. "
Tu es très observateur Robbie, comme toujours. Maintenant t'es gentil, laisse-moi. Si tu veux tout savoir c'est pas ton gosse. Adieu donc. " Elle respire difficilement, personne ne l'accompagne. Elle me frappe. "
Dégage, dégage, dégage Jefferson ! " Elle semble avoir des problèmes, c'est plus fort que moi. "
Où est le père ? " Elle me donne une baigne, encore une fois. Bref, je suis rentré avec elle au bloc, je lui ai tenu la main pendant deux longues heures. C'était bizarre. Je me suis dit que moi aussi j'avais envie de ça.